mercredi 22 décembre 2010

Intermède littéraire: petit voyage au XIXème siècle

C'est bientôt Noël, il neige plusieurs fois par semaine à Paris  et les palmipèdes gras ont attaqué la capitale...


Lundi matin, à l'aube, j'ai aisément pu suivre leurs traces dans une des allées des Buttes Chaumont, dans le 19ème arrondissement parisien...


Le texte qui suit provient de l'ouvrage Physiologie du goût de Jean Anthelme  Brillat-Savarin.

Méditation VI, §III. volailles. 34.


" [...] Nous ne nous sommes pas contentés des qualités que la nature avait données aux gallinacées; l'art s'en est emparé, et, sous prétexte de les améliorer, il en a fait des martyrs. Non seulement on les prive des moyens de se reproduire, mais on les tient dans la solitude, on les jette dans l'obscurité, on les force à manger, et on les amène ainsi à un embonpoint qui ne leur était pas destiné. 
Il est vrai que cette graisse ultra-naturelle est aussi délicieuse, et que c'est au moyen de ces pratiques damnables qu'on leur donne cette finesse et cette succulence qui en font les délices de nos meilleures tables. 
Ainsi améliorée, la volaille est pour la cuisine ce qu'est la toile pour les peintres, et pour les charlatans le chapeau de Fortunatus; on nous la sert bouillie, rôtie, frite, chaude ou froide, entière ou par partie, avec ou sans sauce, désossée, écorchée, farcie, et toujours avec un égal succès."


Bonnes et joyeuses volailles! 
Et au plaisir de vous retrouver sur ce blog dès janvier 2011 pour de nouveaux périples gastronomiques. 

mardi 14 décembre 2010

Douceur alcoolisée d'altitude en Equateur: le canelazo

En Equateur, parfois, il fait froid. Inconscient voyageur partant sous ces chaudes latitudes, n'oubliez jamais que l'altitude amène en tout territoire son lot de fraîcheur. Bien entendu, en Equateur, point de neige à 2850 mètres, encore moins à 1800 mètres.
Quel rapport entre les deux mesures ? Les deux endroits d'Equateur où j'ai dégusté et apprécié un canelazo, le grog ou vin chaud local. Pas de vin, pas de rhum, qu'importe, une lichette d'alcool de canne, de l'eau chaude paraissant citronnée et de la cannelle offrent réconfort et tiédeur oesophagienne.


2850 mètres, Quito, à la recherche d'un dîner.
Dans le vieux Quito, mieux vaut dîner tôt.
Proverbe pour la première fois énoncé à la suite d'un court séjour dans la capitale équatorienne. Après 19h, il devient fort délicat de trouver une gargotte quelconque pour se restaurer. Et je ne parle pas de la quête d'un luxueux dîner, sinon d'un vague seco de carne* ou d'une vulgaire fritada**. Impossible. Errance dans les rues pentues et enfumées de la capitale, nous n'irons cependant pas dans le Quito moderne, aspirant à rejoindre la réalité de ces rues abandonnées à la nuit tombante.

Je vous épargne le trajet mille fois répété ce soir-là, entre espoir d'une chaude empanada ou d'un maduro*** grillé.
Puis...
Cette petite rue, là-bas, devant nous,nous y discernons une faible lumière sortant d'une fenêtre, allons-y! Debors une gigantesque bouteille thermos repose sur un frêle guéridon. Nous humons l'affaire, et toquons à la porte vitrée, une dame sort et nous demande si nous souhaitons un canelazo. Nous devinons bien qu'il ne s'agit ni d'un légume -même inconnu, ni de viande, mais acceptons sans faiblir devant cette spécialité inconnue, il fait froid. Ni chaise, ni banc, c'est le rebord du trottoir qui accueille nos postérieurs.

Le canelazo :

Pour une bonne tournée :
Quelques écorces de cannelle, disons deux clous de girofle, du sucre complet de canne, de l'écorce d'orange, deux - trois feuilles d'oranger, un litre d'eau, de l'alcool de canne, et c'est là que ça se complique, de la pulpe de naranjilla, fruit totalement inconnu dans nos contrées, et pour cause, il ne pousse qu'en Equateur, Pérou et Colombie. Le goût de la naranjilla est relativement acide, nous le situerons entre celui du citron et de l'ananas. Optons donc pour deux oranges et un citron pressés, avec leur pulpe.

Faites bouillir l'eau accompagnée de la cannelle, des clous de girofle, du sucre et de l'écorce d'orange pendant 5 minutes. Pendant ce temps, ajoutez les oranges et le citron pressés dans un demi litre d'eau, mélangez; puis versez cette préparation dans la première. Faites bouillir 5 minutes supplémentaires. Jetez les feuilles d'oranger, fermez avec un couvercle et laissez reposer 5 minutes. Filtrez.
Dans un grand verre, versez la quantité d'alcool souhaité (là-bas il s'agit le plus souvent d'un alcool de canne titrant dans les 40°), ajoutez la préparation chaude, buvez. (Avec modération tout de même, c'est fort ces choses là.)

*seco : plat de viande très courant dans tout l'Equateur, en sauce ou sec, accompagné de riz, d'un morceau de banane plantain ou d'avocat selon la région, et d'un peu de salade locale (tomate, oignon)
**fritada : plat de viande de porc légèrement ou abondamment frite dans l'huile, accompagné de pommes de terre et/ou de maïs grillé et/ou soufflé, de banane plantain.
***maduro : banane plantain mûre, cuite et mangée en tant que casse-dalle dans la rue ou en accompagnement de plat salé.

mercredi 10 novembre 2010

A la recherche de jus de fruits sur les marchés d'Equateur : épisode 1


Equateur, pays des jus de fruits ? Non, pas vraiment. Toutes mes excuses pour les équatoriens, particulièrement ceux qui nous ont préparé de délicieux jus, d'une onctuosité... Egalant avec talent les meilleurs vendeurs de jus de Colombie ou de Bolivie.


Mais l'Equateur déçoit celui qui recherche les jus goûtés dans les pays voisins. Première déception : pas de jus de mangue. Ô désarroi, ô tristesse ! Deuxième déception, les jus sont déjà « préfabriqués » par les vendeuses sur les marchés. Cela n'enlève rien au goût, mais au charme de la découpe et du mixage de fruit avec force sucre et peu d'eau, oui. 

La première déception passée, nous n'allions pas nous laisser abattre, car si fruits tropicaux il y a, jus de fruits à engloutir il y a aussi !
La première direction à prendre – nous avions retenu cela lors de nos derniers voyages sur le continent , est celle du marché central de la ville. C'est là que les habitants se rendent pour avaler un petit déjeuner consistant, un déjeuner, une empanada frite ou encore boire un jus et croquer dans une tortilla locale.

Dans chaque ville andine ou de zone frontière avec l'Amazonie, le marché central est facilement localisable, étant un lieu de vie incontournable pour les habitants. Les grandes villes ont même plusieurs marchés, les menus proposés ainsi que les jus sont souvent similaires, mais les ambiances diffèrent et la déambulation dans les allées des « mercados » couverts peut occuper de longues heures. La « feria libre », où les paysans, une fois semaine, viennent vendre leurs petites productions, vaut aussi le détour. L'atmosphère y est campagnarde, chaleureuse, et la diversité des productions – selon les régions bien entendu – impressionnante.

Revenons à nos jus ! Un de mes jus préférés, découvert en Colombie, c'est le jus de « guanabana ». C'est le gros fruit vert qui pique, pas pratique à manger pour un sous, et contenant plus de bon sucre que plusieurs cannes...(ça c'est moi qui le dis!)

Dans l'arbre, cela donne :
Arbre à guanabana, forêt amazonienne

Et dans une version plus botanique, voilà ce que je peux vous apprendre sur l'arbre et le fruit, fort méconnus dans nos contrées, et pour cause, l'arbre est tropical.
Trop gros et fragile pour être importé (ouf!), il faut se contenter de le déguster là où il pousse, il est vrai que c'est parfois rageant, c'est tellement bon, mais on peut tenter d'en découvrir la saveur en se faisant un bon jus d'anone, « chirimoya » en espagnol. Le fruit est beaucoup plus petit, il pousse entre autres en Espagne, et se dégote parfois sur nos étals. Attention cependant aux méthodes de productions des fruits dans la Péninsule Ibérique, renseignez-vous avant de mettre le fruit dans votre cabas, et préférez peut-être l'acheter dans sa version « agriculture biologique », lorsqu'elle existe!

Le corossolier, annona muricata (famille des Annonaceae), dit le corossol.
Il peut atteindre 3 à 8 m de hauteur. Son port est érigé au départ, devenant globuleux avec l'âge. Les feuilles luisantes et coriaces sont allongées, de couleur vert foncé. Les fleurs, en forme de clochette, aparaissent soit en partie terminale d'un rameau, soit directement sur une branche plus agée. Le fruit est gros, allongé, hérissé d'épines molles. Son poids peut atteindre 3 kg. A maturité, sa peau verte perd de son brillant et prend une teinte grisâtre. Cependant les fruits de certaines variétés restent complètement verts, même lorsqu'ils sont mûrs.

Ses origines
Le corossolier est originaire des terres basses d'Amérique Centrale tropicale et plus particulièrement de Colombie. Cette espèce se trouve dans de nombreuses régions du monde : en Afrique, en Amérique Latine, en Inde et surtout dans le sud et asiatique.

Sa culture
Cette espèce peut se multiplier en graines. Malheureusement, les semis donnent généralement des plants de qualité hétérogène. Le greffage des meilleures variétés est donc souhaitable. Les densités de plantation sont d'environ 300 arbres par ha. Les premières récoltes commencent 3 ou 4 ans après la plantation.

Son utilisation
La chair du corossol, fibreuse, très juteuse, et de saveur douce acide, se prête particulièrement bien à la confection de jus.

mardi 19 octobre 2010

Leçon de cuisine shuar : les frites de manioc

Macas, bourgade équatorienne, capitale de la province de Morona Santiago, aux portes de la forêt amazonienne.

















Le soleil cogne fort malgré l'épaisse couche nuageuse, j'attends stoïquement que la température baisse, suant à grosses gouttes sans bouger, assise sur un vieux canapé en velours. Je prends quelques notes dans mon carnet noir, assise dans ce salon que je ne connais presque pas. Nous sommes en cette chaude journée les invités d'Eleonor, femme Shuar vivant à Macas depuis déjà quelques années. Avant, c'était la vie en forêt, et un autre prénom sûrement.

Eleonor vit en ville, mais a conservé un mode de vie shuar, le petit jardin entourant sa maison en est le témoignage le plus frappant. Nous y déambulons un certain temps, en écoutant avec attention Eleonor nous conter les vertus de telle plante, les pouvoirs de celle-ci, la forte saveur de celle-là. Pas de plante ornementale dans le jardin, uniquement de l'utile : plantes médicinales, aromatiques, contraceptives, pour infusions ou décoctions, tout est là, survie garantie, phytothérapie shuar oblige !

Un paquet d'imposants tubercules bruns dans les mains, Eleonor m'annonce le menu du goûter : frites de manioc et wayusa* à volonté.
Un doux souvenir de dégustation de frites de manioc sur une plage lointaine me revient, je lance timidement : « peut-être puis-je participer à la préparation des frites? » Eleonor, ravie, m'invite dans sa cuisine, et c'est ainsi que je découvre avec joie quelques uns des secrets de la préparation du manioc.

La première chose lorsque l'on habite loin de toute contrée tropicale est de se procurer du manioc. Toute épicerie « exotique » se respectant en propose en quantité, le manioc constituant l'aliment de base pour nombre de peuples. Evidement, le tubercule vient de loin, le bilan carbone de la recette n'est sûrement pas excellent. Mais l'aventure culinaire appelle souvent le produit lointain. Aussi pour éviter toute culpabilité si la recette vous tente, remplacer votre prochain achat de café et de chocolat par un tubercule de manioc. 


1- Saisissez le manioc avec votre main la moins habile, et avec l'autre, à l'aide d'un grand couteau, cassez l'épaisse écorce marron du tubercule en tapant dessus dans le sens de la longueur avec le côté tranchant du couteau, lame légèrement inclinée, en prenant bien garde de pas vous couper !
Cela paraît assez rudimentaire, mais la technique est efficace.

Brisez cette écorce jusqu'à ce vous puissiez retirer toute entière l'écorce blanche (et rose) apparaissant sous l'écorce marron. 


2- Lavez soigneusement le manioc une fois débarassé de ses couches d'écorce, puis découpez-le en deux morceaux plus ou moins identiques. Coupez à nouveau les deux morceaux, mais dans le sens de la longueur cette fois, afin de laisser apparaître le coeur du manioc. 

 

 3- Ôtez le coeur fibreux en tapant dessus avec la lame inclinée d'un grand couteau, en évitant soigneusement de vous blesser.




4- Coupez chacune des quatre parties en morceaux plus petits, afin que la cuisson se fasse plus facilement, puis mettez à cuire à la vapeur, avec l'instrument de votre choix, pendant 30 minutes. 







5- Les trente minutes passées, récupérez votre manioc, débitez-le en petits tronçons et faites-les frire, ou revenir dans un peu d'huile. Je ne suis pas une grande adepte de la friture, j'ai donc préféré faire revenir mes frites dans un fond d'huile, qui doit cependant être suffisant pour faire griller tous les côtés de la frite ! 


6- Retirez les frites, déposez-les sur un papier absorbant, salez modérément, et mangez ! En accompagnement d'un plat de viande ou de poisson, parfaites dans une assiette végétarienne, peut-être encore meilleures en apéro avec une bonne bière, je vous laisse chercher l'inspiration ! 




*wayusa: herbe servant à la préparation d'infusions. Elle est notamment consommée par les shuars et les achuars. 

vendredi 8 octobre 2010

La chicha au manioc, boisson des Jivaros


La chicha est une boisson connue, renommée et bue dans de multiples contrées latino-américaines. Abordons la avec les considérations dues.

Ici, en France, point de chicha. Point de Jivaros non plus, et tant mieux pour eux.

Je ne peux le retenir plus longtemps, je lache le morceau : la chicha est une boisson fermentée au manioc.
Dit comme cela, la description paraît presque anodine.
N'importe quel novice de la boisson fermentée au manioc se dit : le manioc est une plante de là-bas, inconnue ici par les mangeurs de saucisson. Pourquoi n'en feraient-ils pas une boisson ? Nous, nous fabriquons bien de l'alcool à base d'orge et certains avec de la pomme de terre. 

Rapide leçon agronomique & géoculturelle avant d'en savoir plus sur la chicha :
-Le manioc est un arbrisseau des régions tropicales de la famille des euphorbiacées. C'est la racine qui se consomme, travaillé en fécule, farine, ou en tant que racine.
-Pas de robinet d'eau potable chez les jivaros, pas de robinet tout court, à peine quelques puits, vides pour la plupart en août, saison sèche. La seule eau permettant de préparer plats et boissons vient souvent de rivières troubles.
-L'eau ne se consomme pas en tant que tel, ou très peu.
-La seule boisson consommée par les jivaros dans la zone que j'ai visitée (Amazonie Equatorienne) est la chicha.

Je reviens à ma chicha.

En langue achuar (c'est dans une communauté Achuar que j'ai passé un peu de temps, les Achuars appartiennent au groupe de Jivaros. Mais cela, Philippe Descola le dit bien mieux que moi dans son ouvrage Les Lances du Crépuscule.), chicha se dit Nijiamanch.

Elle est préparée par la femme, et surtout consommée par l'homme, qui en boit régulièrement d'abondantes quantités dans un récipient en terre cuite nommée en langue Achuar pininkia
La chicha est préparée à base de manioc cuit et écrasé, d'eau non purifiée, et … de salive. Evidemment, la présentation de la recette est assez abrupte, c'est pourtant la réalité. Mais quoi de mieux que la salive pour purifier l'eau ainsi bue et acceptée par tous ?
La femme, assise devant un grand chaudron, mastique inlassablement de gros morceaux de manioc cuit, puis recrache le tout à grands jets dans le grand chaudron. Avec un long morceau de bois servant de spatule, elle mélange, elle mélange, jusqu'à ce que la chicha prenne une texture homogène et bien liquide.

Vous ne me croirez peut-être pas, mais c'est plutôt bon. Notez aussi que la qualité de la chicha varie fortement en fonction de la femme qui l'a préparée.
Evidemment, passé le litre, nos estomacs peu accoutumés à ce genre de breuvage accusent un peu le coup.

La recette est imprécise, mais je pense qu'aucun lecteur ne m'en tiendra rigueur...

Surtout un grand merci à la femme de Wajari qui m'a permis de la regarder préparer la chicha et qui a su épargner mon estomac en ne m'en offrant pas systématiquement.

mardi 14 septembre 2010

Introduction au tome 3: Retour aux Amériques (Latines!)

Technique culinaire en contrée sauvage



Les fondamentaux requis pour s'inscrire à ce cours de cuisine sont les suivants : estomac et palais aventureux, intestins robustes, niveau intermédiaire d'espagnol et notions de jivaro, capacité à faire abstraction d'un certain niveau de confort dit moderne.

Petite devinette : quelle est cette contrée ?

Au cours de précédents périples gastronomiques, j'ai déjà eu la chance de pratiquer l'art de la bonne chère sur des établis sommaires , les cheveux au vent et les pieds dans le sable.
Mais cette fois, le côté rudimentaire du matériel a dépassé toutes mes espérances!

A venir, nombreuses recettes et récits palpitants de scènes de boustifaille de là-bas !

vendredi 6 août 2010

Une envie subite de viande grillée


Ce genre d'événement incontrôlé arrive à plein de gens biens. 


Chacun d'entre nous (excepté les non-mangeurs de viande bien entendu), même doté des meilleures intentions pour la préservation de la planète, éprouve parfois le désir de trouver dans son assiette un gros morceau de viande.
Lorsque cette envie fait soudain son apparition, (elle peut se présenter à n'importe quelle heure de la journée), il est assez commun de s'imaginer muni d'une fourchette et d'un couteau à viande, les yeux regardant le contenu fumant de l'assiette, s'apprêtant alors à enfoncer délicatement la fourchette sur un des côtés de la pièce et à découper une tendre et savoureuse bouchée qui sera tranquillement mais fermement déposé dans la bouche afin d'être exposée à une mâchoire pressée de faire son travail.

En été s'ajoute souvent à cela le désir de barbecue. Ce désir précède même parfois l'envie de viande évoquée ci-dessus. Dans ce genre de circonstance, c'est souvent l'odorat qui est demandeur, avide d'humer les fumées se dissipant autour d'une grille de barbecue. Ce désir parfois très violent est très délicat à dompter pour les citadins ne pouvant se permettre de mettre leur minuscule balcon à profit pour y répondre. Ainsi, mis à part les quartiers dotés de maisons et jardins, la ville est souvent décrétée territoire hostile pour les barbecue.

Il y a bien les parcs, mais là il s'agit d'être discret, car les gardiens veillent et n'apprécieraient pas du tout un quelconque manquement sur ce sujet.

C'est pourquoi en ce mois de juillet fort agréable dans la capitale, soumise un jour à cette frénétique et irrésistible double envie de viande et de barbecue, j'ai décidé de passer à l'acte en faisant discrètement rôtir un gros cochon de lait sous quelques branchages à l'abri d'un baraquement . Le plus technique a été d'éviter que les gardiens n'aperçoivent le feu et sa fumée. Le plus difficile a été d'ignorer les regards envieux de voisins de pelouse dévorant salades de riz, tomates crues et boîtes de thon.


Heureusement, tout s'est bien passé, la viande était succulente. Il faut préciser (car la précision est de haute importance), que le cochon était fermier !

Je vous souhaite de savoureux barbecue et de très joyeuses vacances pour ceux qui en prennent, et vous dis à la rentrée pour découvrir le troisième tome de ce blog!

mercredi 21 juillet 2010

Le petit plaisir agroalimentaire de la semaine



Survie culinaire en territoire hostile, cela signifie : savoir s'acclimater gastronomiquement parlant sur tous les territoires, et par exemple dans un train, perchée à 3000 mètres dans les Andes, dans les parcs, chez vous, mais aussi, ne l'oublions pas, en société.

Car, ayons-le à l'esprit, la gastronomie est un phénomène le plus souvent social, il faut donc savoir s'adapter à son environnement. Or tous les amoureux de la bonne chère un tantinet maniaque sur le « fait-maison » en conviendront : pendant un dîner/souper/déjeuner entre amis/collègues/membres de la famille/etc., lorsqu'on finit par avouer, doucement, sur un ton très bas, histoire de ne pas être entendu, que l'on cuisine tout soi-même, on passe ou bien pour un improductif n'ayant que cela à faire, ou pour un extrémiste de l'alimentaire, ou les deux. De ce fait, souvent on se tait, et on ne fait que penser.

Je dois avouer que j'ai très souvent médité cette réflexion. Jusqu'à ce que, arrivant à l'improviste dans ma cuisine, je tombe sur ce spectacle :



Une barricade gastronomique dans ma propre cuisine, tant de violence déchaînée entre ces paquets colorés et de simples ingrédients !

J'en suis arrivée à la conclusion suivante : sans doute est-il préférable, pour converser en société et éviter les affrontements de cuisine, de s'accorder une fois par semaine son petit plaisir agroalimentaire.

De mon côté, la semaine dernière, ce furent deux biscuits Petit Ecolier et un apéricube. Ainsi, j'ai eu la chance d'ingérer de la farine de blé, du sucre, du beurre pâtissier, du lait écrémé en poudre, de la poudre à lever, du sel de l'acide citrique, encore du sucre, du beurre et la pâte de cacao, du lait écrémé en poudre une seconde fois, du sirop de glucose, du beurre pâtissier une fois de plus, de la lécithine de soja, de l'arôme vanille, mais aussi du lait écrémé réhydraté, du beurre, des protéines de lait, et des sels de fonte.

Slurp slurp.

jeudi 8 juillet 2010

Souper pour un coup de chaud à Paname


C’est l’été…Chaleur chaleur… Pas même une petite brise pour rafraîchir votre visage en sueur. Les feuilles sont immobiles dans les arbres, la température monte, et monte encore. Soirée à 30°C. L’inquiétude est sur tous les visages (ou presque !), aurons-nous un été caniculaire ? La presse n’oublie pas l’effroi potentiel de ses lecteurs et diffuse des messages effrayants : « trois jours de canicule sur la capitale ! ». Brrrr, on en tremblerait presque de chaud.

En somme, on crève de chaud à Paname, pour une fois, et apprenons à l’apprécier! 
Et pour apprécier un moment particulier, quelle peut être la solution ?

Je vous laisse chercher un peu…

Encore un peu…

Faire une bonne bouffe et boire un bon apéro ! Car bonne bouffe ne rime pas avec lourdeur, et même lorsqu’il fait trente degrés, bien manger est agréable.

Idées pour un bon souper de coup de chaud :

Idée n°1 :sortez de chez vous et allez au parc (les pieds dans l'herbe, c'est quand même le top!) ou sur les rives d’un quelconque canal (si vous pouvez, bien sûr…) Sinon, heu, « à donf » le ventilo !

Idée n°2 : Ne faites surtout pas de « salade » thon-maïs-tomates, encore moins avec du riz. C’est fada.

Idée n°3 : Laissez aussi tomber le camembert, il va fondre et l’odeur va effrayer vos voisins de pique nique.

Idée n°4 : Cuisinez quelques petits plats légers à grignoter ou à dévorer. Des recettes suivent…

Idées n°5 : n’oubliez pas la boisson, elle coûte à peu près 5 (voire plus) fois plus cher au bar situé à côté de l’endroit où vous allez poser votre nappe de pique nique.

Idées n°6: n'hésitez pas à sortir vos ustensiles: planche en bois, verres en verre, maniques, couverts en métal, etc.

Quelques idées simples et qui changent :
Des galettes de céréales (ou les premières galettes macrobiotiques de Marie Morgane)
Pour une vingtaine de galette, il vous faudra 2 pommes de terre, 2 carottes, 1 courgette, des feuilles (persil, basilic, épinard, ou bette, etc.), une cuillère à café de graines de sésame, 1 petit verre de graines de sarrasin à cuire, 3 cuillères à soupe de farine (le mélange farine T110/farine de riz est pas mal, mais ça marche aussi avec 3 cas de farine classique), 1 œuf, du sel, du poivre, des épices, une cas de graines de lin si vous avez
Râpez les légumes, faites les cuire 5 mn à la vapeur une fois râpés. Faites cuire le sarrasin (3-4mn à sec dans une casserole, puis avec 1,5 fois son volume en eau pendant 7-8 mn). Laissez refroidir 10 mn les ingrédients ayant cuit, histoire qu’ils ne cuisent pas l’œuf, puis mélangez tous les ingrédients dans un saladier. Dans une poêle bien chaude et un tout petit peu huilée à l’huile d’olive, faites cuire des petites galettes, la dimension importe peu. Déposez de petits paquets et aplatissez-les avec une spatule ou une fourchette. 5-6 mn de cuisson suffisent !

Un pâté végétal aux herbes fraîches et à la tomate séchée
Le pâté c’est pas mal pour un pique nique. Mais pas quand il fait 30 degrés. Alors au risque d’effrayer les amateurs de pâté, je vous propose une version légère et « fraîche ».
Pour un ramequin de pâté, versez les ¾ d’une boîte de crème de soja dans une petite casserole, ajoutez une petite cuillère à café d’agar agar, puis les ingrédients de votre choix préalablement hachés ou découpés très finement. Evidemment, l’idée étant de faire simple et léger, pas de dés de lardon ni de morceau de fromage…
2-3 tomates séchées, du thym, du basilic, du romarin, un peu de poivre (pas besoin de sel, les tomates salent suffisamment).Faites chauffez à feu moyen jusqu'à ébullition de la crème, puis laissez cuire 3-4 minutes. Versez le tout dans un ramequin, et placez-le au réfrigérateur pendant au minimum une bonne heure.

Des aubergines fondues aux herbes et épices à tartiner ou à attraper avec des gressins
Préchauffez votre four à 220°C, mettez 2 aubergines entières (préalablement lavées et séchées) sur une feuille d’aluminium pendant une heure, retirez-les et laissez les refroidir 10-15mn. Coupe-les en deux, à l’aide d’une petite cuillère récupérez toute la chair et écrasez la dans un saladier (à la main ou à l’aide d’un pilon). Ajoutez une peu de peau d’aubergine découpée en petits morceaux, une gousse d’ail (confite ou crue en l’écrasant bien), des herbes en pagaille (menthe, coriandre, persil, thym, etc.), 2-3 cuillères à soupe d’huile d’olive, 2 cuillères à soupe de lait végétal ou de fromage frais si vous préférez (du chèvre par exemple), des épices selon vos goûts, puis rectifiez l’assaisonnement avant de placer votre préparation au frais au moins 2 heures.

Un peu plus lourd mais agréable (peut être plus à 25-28°C qu’à 30°C…), le tian vert de Buenos Aires
Pour 6 personnes ou 4 gros mangeurs, il vous faudra 3 courgettes (plus ou moins selon la taille), un poivron vert, 200 grammes de riz (pas forcément rond mais un peu plus collant que du basmati ; j’ai utilisé du riz italien long semi-complet acheté en biocoop, il était parfait), 2 gousses d’ail, 3 œufs, une petite boîte de crème légère, du parmesan, de l’huile d’olive, de la sauge (ou du romarin), un bouillon de légume préparé avec 2 fois le volume de riz en eau (plus ou moins selon les nécessités de cuisson du riz) de la noix de muscade, du sel, du poivre. 
Faites chauffez ail et riz dans une sauteuse bien huilée à l’huile d’olive. Remuez régulièrement jusqu’à ce que le riz ait bien incorporé l’huile. Ajoutez les légumes coupés en petits, la sauge. Salez, poivrez, puis laissez cuire un peu les légumes à couvert (10 mn environ). N’hésitez pas à remuer de temps en temps. Pensez à préchauffer votre four à 200°C. Versez le bouillon, poursuivez la cuisson jusqu’à ce que le bouillon ait été absorbé (environ 20 mn), puis ôtez du feu.
Dans un saladier, battez les œufs en omelette, ajoutez le crème, du sel (pas trop, on peut toujours en rajouter après cuisson !), un peu de poivre, et de la noix de muscade râpée. Versez le contenu de la sauteuse dans un plat, la préparation à base d’œuf dessus, mélangez si nécessaire, et saupoudrez de parmesan que vous pris soin de râper. Après environ 30 minutes de cuisson, c’est prêt, ça se mange chaud, froid, ou tiède !

vendredi 25 juin 2010

Retour de Manif'!


Un soupçon de gastronomie politique en cette fin de mois de juin 2010. Ou peut-être de politique gastronomique, je m’interroge.

Toujours est-il - l’objectif de ce blog n’étant pas de parler politique je précise - que plus on partira tard à la retraite, (ou plus tôt mais sans pognon), moins on aura de temps pour cuisiner et se faire du bien !

En somme un retour de manif’, celle du 24 juin. Pensant il est vrai toujours à la bouffe, que fais-je pendant que je suis le défilé de la manifestation du 24 juin à Paris, sous un soleil bien présent ?


Réponse : je prends des photos de bouffe.

Et qu’est-ce que je me dis pendant que je prends ces photos de boustifaille de manif’ ?

Réponse : il n’y a guère de choix et je suis contente d’avoir déjeuné avant…Peut-être cela dénotera-t-il un certain snobisme culinaire. Encore que si j’explique avoir déjeuné d’un bol de quinoa accompagné d’une courgette et d’une tomate, je ne sais pas si le terme « snobisme » convient.
Qu’importe, j’assume.

En terme de boisson, il y a un certain choix. Les empires de la boisson européen et outre-Atlantique font fière figure dans les tous les stands. Et oui, apparemment, ce n’est parce qu’on est à gauche, très à gauche ou même révolutionnaire qu’on ne s’offre pas un p’tit coca ou une p’tite heineken bien fraîche dans les défilés !


Remarquez, c’est vrai que si on doit commencer à faire sa bière soi-même, on n’est pas sorti de l’auberge.
Passons sur ces frasques sauvages et anticapitalistes, et arrivons à ce qui nous intéresse, à boire et à manger !

A boire, on trouve des choses intéressantes sur les rives du défilé.


Mais à manger, heu,comment vous dire ? Si vous n’aimez pas les merguez et les kebabs, même agrémentés de légumes frits, la situation s’avère rapidement délicate. Je sais, je sais, encore du snobisme, c’est vrai, la merguez d’horrible qualité dans du pain, arrosée de moutarde et de ketchup, c’est quand même super populaire, de circonstance donc pour une manif’ !






Mes excuses pour tous les amoureux de cette bouffe sauvage sans saveur, je préfère la bouffe sauvage AVEC saveur : un bon jambon beurre avec une feuille de salade dans une baguette tradition que vous vous serez confectionné amoureusement pour votre estomac le midi avant de descendre dans la rue.
Ok, pourrait-on me rétorquer : et si on a pas eu le temps ? Foncez dans une boulangerie et une supérette (il y en a forcément une le long de la route), achetez-vous une baguette tradition (1€, et vous pouvez en donner la moitié à un camarade !), deux tranches de jambon supérieur (1,5€ les 2 tranches, vous pouvez en donner une à un camarade !), et faites vous votre casse-croûte, sans ketchup, sans mayonnaise, avec du bon pain, huuummm. Slurp slurp !

vendredi 11 juin 2010

Par amour des biscuits


Un soupçon d'exagération peut être dans le titre. Mais à peine.
Je commence par un aveu: j'aime les biscuits secs.


Pas en abondance, non. De temps à autre, l'envie me prend de déguster un biscuit sec. Cela arrive sûrement à beaucoup de gens, rien de bien extraordinaire.
Seulement, que faisons-nous lorsque la délicatesse croquante et sucrée se fait désirer par nos papilles?
La réponse est simple: nous entrons dans un supermarché ou une épicerie, et achetons un paquet de biscuit. Même dans la plus petite des épiceries d'une petite ville, le choix est vaste. Evidemment, la France, diront peut-être certains, c'est le pays des biscuits LU!
Hum hum… Ce n'est pas l'objet de l'article, mais juste comme cela, en passant, discrètement, pour ceux qui ne le savent pas: LU s'est récemment fait racheter par Kraft food...

Je reviens à mes biscuits secs. Tout paraît si simple. Pourtant, j'accorde beaucoup d'importance au fait de parler des biscuits secs dans le guide de la survie culinaire en territoire hostile.
Certains rebelles extrémistes de l'alimentaire, effrayants combattants pour une bonne bouffe, affreux militants de la cuisine saine et détestables apôtres du fait maison, régulièrement, prennent la décision de ne plus fréquenter les supermarchés, et de ne plus acheter de produits conçus et fabriqués par l'industrie agroalimentaire.
Pour les consommateurs loyaux au service d'une consommation nécessitée pour la relance d'une économie en crise, ce sont des spécimens rares, sûrement improductifs car prenant le temps de tout cuisiner eux-mêmes.

Et plus il est commun de consommer le produit industriel, plus l'improductivité de l'être y renonçant est flagrante!
Un exemple: le biscuit sec nappé de chocolat.

J'adore un certain nombre de biscuits secs nappés de chocolat. Mais pour cela, il faut que le chocolat soit noir, que le biscuit ait bon goût de céréales et que le tout ne soit pas trop gras.

Ayant depuis quelques temps renoncé à la plupart des produits de l'industrie agroalimentaire (pas tous, non, évidemment!), je me suis de fait retrouvée privée de biscuits. Une semaine, tout va bien. Deux semaines, tout va encore très bien. Après tout, un carré de chocolat sur une tartine de pain frais, c'est tellement meilleur qu'un biscuit sec!
Un mois, je reste stoïque.
Puis, un jour, énorme envie de biscuit sec nappé de chocolat. Un tantinet têtue et voulant respecter mes engagements pour une nourriture saine et dégagée des obligations de consommation de produits agroalimentaires, j'ai donc travaillé quelque temps à l'élaboration de ma propre recette de biscuits nappés de chocolat noir. J'ai nommé: le biscuit QIQTER.
Bien sûr, il faut investir dans les ingrédients, mais une fois le tout acheté, on peut des centaines de biscuits!

Je mets les photos du produit fini avant, histoire de motiver ceux qui tenteront l'aventure! 



















Les ingrédients: (si vous ne savez pas comment en dénicher certains, demandez-moi!)
Pour une vingtaine de biscuits:
70g de farine T80
15g de farine de chanvre
1/2 cuillère à café de bicarbonate, 1 pincée de sel
35g de sucre complet
6-7 noisettes décortiquées et concassées
2-3 cuillères à soupe d'huile d'olive
3 cuillères à soupe d'eau
2-3 cuillères à soupe de lait de vache ou de lait de soja
du chocolat noir de couverture pour le nappage

Mélangez à la fourchette tous les ingrédients du biscuits. Versez les farines dans un saladier, mélangez-les, puis le bicarbonate, le sel, le sucre, les noisettes. Mélangez bien avant d'ajouter les ingrédients "liquides". Ensuite, travaillez rapidement la pâte à la fourchette, puis faites-en des galettes de la taille et de la forme de vos biscuits préférés que vous déposerez sur une feuille de papier sulfurisé. Si la pâte colle à vos mains, farinez-vous bien les mains!
Pour la cuisson: dans un four préchauffé à 180°C, mettez à cuire 8 minutes à 180°C, puis 5-6 minutes à 150°C, enfin, pour le croquant, de nouveau 1-2 minutes à 180°C.
Et pendant ce temps, préparez le nappage de chocolat. Pour cela, il vous aura fallu dénicher du chocolat de couverture (celui qu'utilisent les chocolatiers) dans une épicerie pour chocolatiers et pâtissiers. Il y en a très souvent une dans chaque ville. A Paris, je me fournis rue Tiquetonne. Les paquets sont gros et ça se conserve bien.


Le chocolat, la première fois, c'est toute une aventure, car il faut travailler avec un thermomètre. En effet, le chocolat, pour être façonné en chocolats ou utilisé en nappage, doit atteindre certaines températures. N'étant pas une experte, j'ai utilisé pour mon nappage de biscuits la même technique que celle que j'avais utilisée pour faire mes chocolats de Noël! 
Avant tout chose, faites fondre votre chocolat. Ici, il s'agit de chocolat noir. Pour une vingtaine de biscuits, faites fondre 80g de chocolat, et réservez 20g pour le tempérage. La fonte peut se faire simplement, au bain-marie. Vous devez atteindre une température entre 50 et 55°C. Puis, il faut tempérer, c'est à dire faire baisser la température de façon à ce que votre chocolat, une fois confectionné, ait une surface dure et brillante après refroidissement. Pour cela, faites baisser la température de votre chocolat à 26-27°C en plaçant votre récipient dans un bac d'eau froide et en ajoutant à votre chocolat déjà fondu les 20g de chocolat mis de côté . Pour une petite quantité comme celle-ci, cela va très vite!
Ensuite, il faut remonter la température à 31-32°C pour l'utiliser. Lorsque, grâce à un tout petit temps de bain marie, vous avez fait remonter votre chocolat à cette température, vous pouvez recouvrir selon votre goût vos biscuits. (les biscuits doivent avoir eu le temps de refroidir!)

Puis laissez le tout refroidir et prendre un aspect brillant. Les biscuits se conservent plusieurs jours enfermés dans une boîte hermétique!

Ca paraît un peu compliqué, mais quand on l'a fait une fois, c'est tout simple!

vendredi 7 mai 2010

Poêlée de légumes à 3000 mètres

Fourbus après une longue journée de marche à plus de 3000 mètres d’altitude, dans la poussière, vous rêvez d’un petit plat mijoté, le même que celui que vous cuisinez le soir en semaine dans votre petite cuisine urbaine.
Aaaahh cette dernière recette de sauté de porc au citron et aux olives à la cocotte, cuisson lente de trois bonnes heures…

Retour de randonnée, 15 bornes, pas d’air, des lamas partout, un soleil torride toute la journée, j’ai faim. La nuit tombe déjà, je file au marché. Devant le stand de viande, je me décide pour un plat végétarien. Je ne suis pas une grande aventurière de la bidoche.

Et pourquoi pas une poêlée de légumes ? Dans un coin de ma tête apparaissent courgettes, aubergines délicatement grillées et parfumées aux multiples herbes et épices, poivrons mûrs à point…
Si vous vous égarez en voyage devant ce genre d’étal, attention !!! Poivron qui pique peut se cacher derrière poivron doux…


Revenons à ma poêlée du soir. Les patates semblent inévitables…


Tomates et oignons sont aussi facilement dégotées. La carotte constituant le cœur de mon alimentation du midi, je la délaisse ce soir-là.
Je reviens joyeusement vers l’auberge où je dors ; elle dispose d’une petite cuisine permettant de faire sa propre cuisine le soir. Il ne faut jamais hésiter à demander l’usage de la cuisine. (Avant d’aller faire le marché et d’acheter des pommes de terre !)

L’ustensile de cuisine indispensable : la poêle, ou la casserole. Ne cherchez pas LA belle poêle qui n’attache pas, il n’y en aura pas.
Épluchez consciencieusement vos légumes, coupez les pommes de terre en deux, les autres légumes en petits morceaux.
Pas d’huile, pas de sel, pas de poivre, pas d’épices.
Pour remplacer l’huile, la meilleure solution, c’est de mettre un peu d’eau au fond de la poêle/casserole. En remuant de temps à autre, cela évite tout attachement de vos légumes à la poêle/casserole.

Pour les condiments, il vous aura fallu être prévoyant ! Si vous estimez devoir faire plaisir à vos papilles et à votre estomac même pendant le plus aventureux des périples, pensez à emporter avec vous des petits sachets d’épices.
Pour cela, deux solutions: ou bien vous confectionnez avant de quitter votre domicile de petits sachets de vos épices préférées, ou bien vous emportez des petits sachets vides que vous garnirez dans votre pays de destination. On trouve toujours toute sorte d’épices.
Pour 5-6 sortes d’épices en petite quantité, comptez 30 grammes de poids, ce qui n’est pas insurmontable.

Le résultat après 20 minutes de cuisson (c'est approximatif...) est un bon plat fumant, chaud, parfumé, sain, et savoureux.

Toute la difficulté réside dans les jours, semaines et mois qui suivent à faire varier le goût de cette poêlée… Heureusement, dans les Andes, on ne se lasse pas de découvrir les pommes de terre…

lundi 26 avril 2010

Dîner de train

Retour de week end, retour de vacances… C’est déjà assez difficile comme cela d’arriver si tard dans la gare froide et hostile de votre lieu de vie un dimanche soir, pas la peine d’en rajouter avec un triste repas sncf. Wagon-lit plutôt.
Vous prenez le train à 19h, vous arriver entre 22h et minuit, il est évident que vous allez avoir faim, vous le savez, donc ne l’ignorez pas au moment de partir.
Vous savez aussi, si vous n’êtes pas seul et que vous n’avez pas trop bu durant le week end, que vous aurez envie d’un bon apéro. Alors une fois de plus, soyez prévoyant !

Évidemment, il est possible d’acheter à boire et à manger en voiture-bar. Si vous avez de temps à autre des envies frénétiques de saveur industrielle, n’hésitez pas, partez léger, sans nourriture ni boisson, vous saurez dénicher la batterie de poulets du TGV et l’élevage intensif de saumon. En matière d’alcool, c’est plus une histoire de rapport quantité-prix. Ce rapport peut tourner à votre avantage si vous décidez de vous munir du nécessaire. Sans compter que si vous optez pour le vin, la bouteille peut aisément être rebouchée si vous ne jetez pas le bouchon.

Une idée de repas:


Pour le vin, je ne m’étendrai pas. Une bouteille de Bordeaux convient parfaitement. Quant à la partie solide de votre dîner, si vous mangez des demi baguettes garnies de jambon-salade-gruyère toute la semaine, osez l’aventure du voyage en vous cuisinant avant de partir une…salade de pâte.

La salade de pâte du TGV pour deux personnes :
250 g de pâtes
Un petit morceau de gruyère que vous débitez en cubes
Un morceau de feta que vous débitez aussi en cubes ou en lamelles
Des rondelles de carottes
Des herbes genre basilic ou origan
Du sel, du poivre.
Si vous avez la possibilité de le faire dans la cuisine de vos hôtes, faites cuire des rondelles de courgettes et des morceaux de poivrons avec un peu d’huile d’olive dans une poêle.
Pourquoi pas quelques morceaux de jambon.
Arrosez la salade d’un filet d’huile si vous souhaitez que vos pâtes ne collent pas entre elles.
Et voilà, le tour est joué.

Il est également possible de terminer la bouteille de vin…


mercredi 21 avril 2010

Tome 2: Le guide de la survie culinaire en territoire hostile: présentation


Parfois, une cuisine, c’est aussi cela. 


 

Je le reconnais, la cuisine occupe une grande place dans ma vie. J’aime cuisiner, j’aime faire des expériences qui s’avèrent parfois catastrophiques, j’aime créer de douces et belles saveurs et odeurs en cuisine.

Pas n’importe quelle cuisine, ça non ! La cuisine épicée, créatrice de songes ou fabrique de rêves et souvenirs de voyages, la cuisine légère, simple et soyeuse. Des mets joyeux et expérimentaux à la fois.

Mais j’aime aussi le voyage, l’aventure, j’ai souvent fui la monotonie et de fait ma cuisine, mes ustensiles et mon épicerie !

Le voyage, c’est…aller au bout du monde et y rester une semaine. Aller au bout du monde et y rester un an et demi. C’est aussi vivre quelque part en Europe pendant un temps, loin de la philosophie gastronomique française. Mais c’est aussi prendre le train, le bus, le bateau, passer du temps dans toute sorte de transport.
Le voyage, c’est parfois jeûner plus que de coutume par manque d’argent, de temps, de nourriture ; ou se transformer en un goinfre momentané pour en goûter le plus possible.

Entre ravissement des papilles et turistas ravageuses, j’ai découvert que mêler voyage & gastronomie pouvait se faire à peu près partout, à condition d’avoir de l'imagination, d’apprendre à être un peu prévoyant et de ne pas avoir peur du résultat… 





mardi 13 avril 2010

Les empanaditas de queso enfin maîtrisées!

Les empanaditas de queso sont fabriquées, vendues et consommées en Bolivie, sur les marchés, en fin de matinée. Huuummm, pour les voyageurs que nous étions alors, quel délice, ces petites empanadas à la pâte légèrement sucrée et garnies d'une fine couche de fromage.

En juillet dernier, j'ai mis sur ce blog une recette d'empanaditas de queso. Recette honorable certes, mais elle restait à améliorer. C'est chose faite depuis vendredi dernier, voici donc cette variation agrémentée cette fois de photos.


Les ingrédients pour une vingtaine de petites empanadas: 
Pour la pâte:
150g de farine T65 (c'est important, vous en trouverez très facilement en biocoop par exemple, en vrac notamment)
37 g de beurre
2,5 cuillères à soupe d'huile d'arachide
3 cuillères à café de sucre complet Andina (ou autre sucre complet; on en trouve plusieurs sortes en vrac en biocoop)
de l'eau tiède
Pour la garniture:
de la ricotta et du gouda ou gruyère rapé.

Dans un saladier, , versez la farine, faites un puit et déposez-y les autres ingrédients (beurre coupé en petits cubes, c'est plus facile)
La pâte se mélange à la main, après l'avoir travaillée (sans trop la malaxer cependant), vous devez obtenir une boule de pâte un tout petit peu collante (si elle colle trop roulez la dans la farine). Laissez reposer cette pâte une petite heure à température ambiante.

Faites préchauffez le four à 180°C. Les empanaditas doivent cuire 15mn à cette température. Elles ne dorent pas tellement, c'est normal. Elles se dégustent froides: pour l'apéro, en accompagnement d'un maté, ou à engloutir au goûter!

Pour la réalisation, suivez les photos...
 
Le blanc, c'est la ricotta, le jaune, c'est le fromage râpé.

mardi 30 mars 2010

3- COMMENT PREPARER UN MATE


Par Jean-Baptiste

Photo de Jean-Baptiste


MATE OU MALOUINES: SUS AUX ANGLAIS!
Amis lecteurs et lectrices, l'impatience vous guette, vous trépignez en attendant de goûter le maté, ce fascinant breuvage, mais encore un mot d'avertissement: oubliez les conseils peu avisés des marchands de produits « detox », des magazines féminins numéros spécial été comment maigrir et des étiquettes marketing bio -le maté, consommé par les indiens traditionnels des petits villages andins. Poubelle! Le maté ne se consomme surtout pas comme du thé et n'est pas une boisson réservée aux adeptes du régime saisonnier ni aux aventuriers en quête d'authenticité et de villages d'indiens bariolés.



Crions le sur les toits: halte à l'infusion! Boutons la théière hors du pays Guarani. La couronne britannique a pris les Malouines mais ne prendra pas le maté!

Pourquoi le maté n'est pas du thé?
- Le maté ne se boit pas dans une tasse de thé : munissez-vous d’un récipient adéquat et d’une paille idoine.
- L'herbe reste dans le récipient et on rajoute de l'eau au fur et à mesure. Pas question de retirer après avoir laissé infusé pendant 2 à 3 minutes. Et faut-il le rappeler: il ne faut pas que le maté infuse!
- Pas d'eau bouillante: Si l'eau est trop chaude, toute l'amertume du maté sera libérée en une fois. Résultat : les premières gorgées seront imbuvablement amères, les suivantes seront plates.
- Le maté ne se consomme pas à l'heure du thé, mais toute la journée, particulièrement si c'est un dimanche ensoleillé sur une promenade au bord du Rio de la Plata, debout, assis par terre ou sur un banc. A Montevideo, on ne descend pas acheter ses clopes sans le maté dans la main droite, la thermos dans la gauche et le sucre sous l'aisselle. Il n'est pas non plus rare à Buenos Aires de voir prendre le maté dans le métro en allant au boulot.
PARA HACER UN BUEN MATE
Et maintenant, passons enfin à la pratique: comment servir un bon maté. On parlera ici du maté comme il se boit en Argentine. Attrapons donc dans la matera (le sac compartimenté du buveur de maté) les ustensiles et les ingrédients:


- le maté (le récipient: la calebasse, c'est plus agréable, mais avec un verre, ça marche aussi)
- la bombilla (la paille, prononcez Bombicha)
- la yerba mate (c'est-à-dire l'herbe ; prononcez Cherba Maté)
- la thermos avec l'eau chaude (mais pas bouillante, on répète, 70°-80°C)
- le groupe d'amis (car le maté est un rite social)
- un paquet de galletitas (des petits crackers salés ; prononcez Gachétitas)

1°/ Remplir le maté au 3/4 de yerba mais pas plus: la yerba gonfle quand on ajoute l'eau.
2°/ Boucher le maté avec le creux de la main et remuer de manière à bien homogénéïser la yerba qui, rappelons le, est un mélange de feuilles séchées (hojas), tiges (palo) et poudre (polvo).




3°/ Incliner le maté de manière à pouvoir déposer la bombilla dans le fond du maté.
4°/ Verser l'eau petit à petit. Laisser l'herbe gonfler. Aspirer les première gorgées (si elle sont trop amères, on à le droit de les recracher, mais discrètement, et de préférence pas au milieu du couloir du métro!).







5°/ Remplir à nouveau d'eau. La température est idéale quand se forme une mousse onctueuse à la surface. Déguster en ne remuant surtout pas la bombilla. Attention, on ne toutouille pas dans le maté avec la bombilla, sinon au choix, elle se bouche et tout est à recommencer, ou bien l'herbe passe dedans et on a de l'herbe plein les dents!
6°/ On remplit à nouveau et on passe le maté à son voisin.
7°/ On recommence autant de fois que l’on veut jusqu’à épuisement du paquet de galletitas.


Et surtout n'oublions pas: MATE BOUILLU, MATE FOUTU!

LES VALEURS DU MATE
Le maté est moment social important. Comme dirait mon voisin argentin, el mate es compartir: le maté ne se boit pas, il se partage!
Mais l'Argentine ayant bien retenu les leçons du FMI et la notion de propriété privée: il y a celui qui sert le maté et qui garde la main sur l'eau: le cebador; et ceux qui reçoivent un coup à boire mais qui n'ont pas le droit de se resservir: les potes et les inconnus avec qui on papotte.
Résumons : le cebador sert un maté et tend le récipient à quelqu'un. Celui-ci boit son maté tranquillement, on n'est pas pressé, et rend le récipient au cebador qui remplit la maté à nouveau pour le passer à quelqu'un d'autre (dans l'opération, la bombilla n'aura pas bougé d'un quart de poil, sinon, c'est yerba dans les dents, poil aux dents).




Un détail: boire un maté suppose donc de partager un moment ensemble, mais aussi de partager l'hygiène bucco dentaire: adeptes des gels hydroaclcooliques, passez votre chemin: on utilise tous la même paille sans l'essuyer!

LES VARIANTES
- Le maté peut aussi se boire sucré. Dans ce cas, on rajoute à chaque tour un peu de sucre en poudre ou liquide dans le maté, ou directement dans l'eau de la thermos. Nous, on préfère le maté amargo (amère). C'est un peu comme le café noir: quand on commence, on préfère.
- Le maté peut se boire froid. C'est le mode privilégié de consommation au Paraguay. Dans ce cas, on met de l'eau glacée dans la thermos, tout simplement, et on appelle ça un téréré. On peut aussi aromatiser avec de la menthe ou du zeste d'agrumes.
- Le maté cocido: pour les adeptes du sachet, il se présente comme un sachet de thé, et s'utilise comme un sachet de thé (avec de l'eau bouillante... et oui...)
LES TRUCS ET ASTUCES DE LA ABUELA (MERE GRAND):
- Avant d'utiliser pour la première fois un maté traditionnel (en calebasse), il faut préparer le maté, "curar" en espagnol. Pour cela, il faut laisser reposer le maté rempli de yerba humide pendant deux jours à l'issu desquels il faut gratter la partie molle.
- La abuela dit qu'il faut tremper le bout de la bombilla mouillée dans du sucre en poudre avant de la plonger dans le maté. La fine couche de sucre étant censé empêcher la yerba de pénétrer dans la bombilla (poil aux dents!). Ca me paraît aussi utile qu'un foetus de lama pour apporter prospérité, mais bon, c'est pour faire plaisir à la abuela.
Allez, bon maté !